UN SOTEU, DES SOTIES?

EU-UE_eurobole.comLe 13 septembre 2023 au Parlement Européen de Strasbourg, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen prononçait le State Of The European Union, ou discours sur l’état de l’Union Européenne. Ce discours annuel, à la fois bilan passé et programme futur, est le dernier avant les élections européennes de 2024. Dans ce SOTEU, la présidente a ratissé large, évoquant à la fois Green Deal européen, économie et compétitivité, numérique et intelligence artificielle, migration et sécurité, et Ukraine. Deux annonces principales ont marqué ce SOTEU: le lancement d’une enquête sur l’importation de véhicules électriques chinois sur le marché européen, et la préparation des esprits à une inflation longue. En ce qui concerne les véhicules chinois, l’UE est dans une situation compliquée. Étant dépendante des capitaux chinois, elle doit ménager ce partenaire. Mais avec une économie en quasi-stagnation, elle compte sur les bénéfices de son industrie automobile. Elle ne peut pas se permettre d’être dépassée sur son propre terrain par des véhicules concurrentiels. Or la Chine a le vent en poupe. C’est ce qu’a montré une autre rencontre annuelle, celle des BRICS, du 22 au 24 août à Johannesbourg. À l’occasion de leur quinzième sommet, le groupe des cinq émergents a annoncé l’adhésion de six nouveaux membres à compter du 1er janvier 2024: Arabie saoudite, Argentine, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Iran. À onze membres, ce bloc ayant la Chine pour grand timonier va peser encore plus sur la scène géopolitique. Rejoint par trois des plus grands producteurs mondiaux de pétrole, le bloc va influencer sur les cours de l’or noir, en sa faveur. Tout en œuvrant à la fin de la domination du pétrodollar. Ce qui ramène au taux d’inflation. Les BRICS, dont les échanges commerciaux se font déjà en devises nationales, envisagent de créer leur propre monnaie. Une monnaie commune qui favoriserait un commerce international équitable, simplifié, et économe en coûts de transaction. L’euro leur sert d’exemple, mais celui d’avant 2002. C’est-à-dire la monnaie commune «virtuelle», qui représentait une valeur pondérée des devises la constituant, qui n’était échangée que sur les marchés, et qui n’était pas substituée aux monnaies nationales. Cette idée initiale européenne pourrait servir aux BRICS élargis. Comme on dit en Europe, on n’a pas de pétrole mais on a des idées.

«C’est trop joué de passe-passe.
L’ung parboult et l’autre fricasse;
Argent entretient l’ung en grâce;
Les autres flatent et pallient,
Mais secrettement ilz s(e) allient,
Car quelq’un, faulx bruvaige brasse.
C’est trop joué de passe-passe.»

Pierre Gringore, Le Jeu du prince des sotz et mère Sotte

Les idées suffiront-elles à payer le prix d’un pétrole en hausse? On rétorquera que les futurs véhicules devant être électriques, ça relativise les frais du pétrole. Mais alors quid des frais de l’uranium?

L’UE prise en sandwich

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