Le 2 avril 2025, décrété Liberation Day, Donald Trump exhibait un grand tableau montrant deux listes: celle des pourcentages représentant, selon le président américain, les tarifs douaniers imposés par 185 pays étrangers aux États-Unis, et celle des tarifs douaniers que les États-Unis leur imposaient désormais en réponse. Washington taxait certains à 25%, d’autres à 45%, d’autres encore à 90%, avec un seuil minimum de 10%. En Asie et en Europe ce fut un tollé général, accompagné de l’annonce de contre-tarifs. Les bourses embrayaient avec des mouvements trépidants à la hausse positive et à la baisse négative. À l’exception notable de la bourse de Shanghai: durant cette crise elle a oscillé entre 0,5 et 0,9%, mais elle n’a jamais été en négatif. Trump promettait quant à lui qu’il ne changerait jamais d’avis. La panique naissante étant accompagnée de rumeurs de krach boursier, il a dû revoir sa copie. Le 9 avril il mettait son programme sur pause pour 90 jours, tout en maintenant son seuil de 10%, et sa taxe contre la Chine. Cette taxe atteint maintenant le taux exorbitant de 145% et vise une grande partie des importations américaines de produits chinois. L’empire du milieu répliquait par une taxe de 125% sur ses importations américaines, et promettait de résister jusqu’au bout. Il n’a pas fait que des promesses. La Chine détient une grande partie de la dette américaine. Elle n’est pas la seule, mais elle est la seule à pouvoir faire pression sur Washington dans cette guerre commerciale. Le 9 avril, Pékin mettait en vente une petite partie de la dette US sur les marchés. Les États-Unis, qui ont longtemps emprunté à taux zéro, pourraient être soumis à des taux d’intérêt sur leurs emprunts sur dix ans, entre 3,80 et 4,25%. En 2026, les États-Unis vont devoir rembourser 6.000 milliards de dollars empruntés à taux zéro. Augmentés de taux d’intérêt, ces dollars pourraient atteindre 6.246 milliards. La bougeotte boursière, l’inflation assurée et le risque de récession n’ont donc pas été les seules raisons de la volte-face trumpiste. Dans cette période d’instabilité, où l’Union Européenne veut maintenir l’ordre mondial né de l’après guerre-froide, l’euro fait figure de valeur refuge, tandis que le dollar perd de la valeur entre Liberation Day et Independence Day.
«Remember one thing
Through every dark night, there’s a bright day after that»Tupac Shakur, Me Against the World
Restant flegmatique face au tumulte trumpien, Xi Jinping appelait le 11 avril la Chine et l’UE à protéger conjointement la mondialisation économique, et à résister ensemble à toute coercition unilatérale.
L’Europe plaquée par les États-Unis
et draguée par la Chine?
[…]
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