Est-ce la fin du début ou le début de la fin de la guerre russo-ukrainienne? En proposant le 11 mai la reprise de négociations entre les deux parties le 15 à Istanbul, le président russe Vladimir Poutine laissait planer le doute sur sa participation. Prompt à réagir, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky annonçait qu’il l’attendrait sur place. Las! La délégation russe n’étant menée que par le conseiller présidentiel Vladimir Mendinski, la partie ukrainienne envoya également une délégation de second rang conduite par le ministre de la défense Roustem Oumerov. À l’issue de ces négociations pas de cessez-le-feu, mais une reprise du dialogue là où il s’était interrompu le 29 mars 2022. Лучше поздно чем никогда comme dit la formule. Profitant de ce dégel stambouliote, le 19 mai le président américain Donald Trump téléphonait à Poutine pour relancer les pourparlers de paix et pour obtenir un cessez-le-feu. Poutine se disait d’accord pour poursuivre le dialogue, mais pas pour un cessez-le-feu en l’état. Tant que les parties russe et ukrainienne campent sur leurs positions respectives, les hostilités pourraient continuer indéfiniment. Analysant ce conflit et ses conséquences dans La défaite de l’Occident, l’essayiste Emmanuel Todd pense que la guerre devrait durer le temps nécessaire à la Russie pour qu’elle atteigne ses objectifs. Un temps qu’il estime être de cinq ans. Pourquoi cinq ans? Todd ne le dit pas mais une explication possible concerne l’Amérique. Entre 2022 et 2026 on y compte quatre élections: parlementaires de mi-mandat en 2022 (victoire républicaine à la Chambre et victoire démocrate au Sénat), présidentielle et parlementaires mandataires en 2024 (victoires républicaines), parlementaires de mi-mandat en 2026 (résultat à venir). Si la guerre n’est pas finie à l’orée de 2027, on peut s’attendre alors à un tournant décisif. Tandis qu’en 2025 le parti républicain concentre les pouvoirs à la Maison Blanche et aux deux chambres du Congrès, les représentants du Grand Old Party tergiversent sur le soutien américain à apporter ou non à l’Ukraine. En 2026, si le parti républicain devait l’emporter, cela renforcerait son aile protectionniste. Par contre, si le parti démocrate devait l’emporter, cela renforcerait l’interventionnisme bipartisan. Mais à quel prix? Car le soutien à l’Ukraine représente déjà un gouffre financier pour des finances américaines qui vont mal. Le 12 mai, les États-Unis se voyaient contraints de rabaisser leurs droits de douane post-Liberation Day sur les importations chinoises, passant de 145% à 30%. Le 16, l’agence de notation Moody’s, dernière agence qui donnait encore une note AAA à l’Amérique, abaissait sa note à Aa1. Le 19, la dette américaine dépassait les 36.200 milliards de dollars.

“-I hope Kronsteen’s efforts as Director of planning will continue to be as successful as his chess!
-They will be. According to your instructions I’ve planned for SPECTRE to steal from the Russians their new Lektor decoding machine. For this we need the services of a female member of the Russian cryptograph section in Turkey, and uh, the help… of the British Secret Service. Naturally, neither the Russians nor the British will be aware, that they are, now, working for us!”

Lotte Lenya and Vladek Sheybal, From Russia with Love

«-J’espère que les efforts de Kronsteen en tant que Directeur de la planification continueront d’être aussi fructueux que son jeu aux échecs!
-Ils le seront. Selon vos instructions j’ai planifié que SPECTRE vole aux Russes leur nouvelle machine de décodage Lektor. Pour cela nous avons besoin des services d’un membre féminin de la section cryptographique russe en Turquie, et euh, l’aide… du Service secret britannique. Naturellement, ni les Russes ni les Britanniques ne seront conscients, que, maintenant, ils travaillent pour nous!»

Lotte Lenya et Vladek Sheybal, Bons Baisers de Russie

Réagissant de leur côté au refus russe d’un cessez-le-feu, les Européens maintiennent et renforcent leurs sanctions contre la Russie. Ces sanctions ayant montré leur inefficacité, quelle serait la suite?

Des baisers pas la guerre?

[…]

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