À trois semaines des élections européennes du 6 au 9 juin 2024, l’Union Européenne traverse une période d’incertitude inédite. Le vote renouvelant le Parlement Européen rebat toujours les cartes dans l’hémicycle, mais cette année l’issue du vote devrait dépasser le seul PE. De ce scrutin dépendent les destins politiques de Roberta Metsola au PE, d’Ursula von der Leyen à la Commission, de Charles Michel au Conseil. Si l’abstention devrait rester le «premier parti d’Europe», l’équilibre entre le Parti Populaire Européen et les Sociaux & Démocrates n’en est pas moins mis dans la balance, avec la montée attendue de divers populistes à travers l’UE. Ainsi il est possible qu’aucune majorité claire ne se dégage, aboutissant à des coalitions complexes et fragiles. Avec des sondages annonçant plus de 40% pour les PPE et les S&D réunis, mais près de 30% pour les différents populistes, le corollaire du scrutin serait des administrations plus difficilement gouvernables. Dans l’intervalle, les événements ayant marqué la législature 2019-2024 pourraient trouver un écho électoral dans les urnes. Pandémie du Covid-19, guerres en Ukraine et à Gaza, Qatargate, prix de l’énergie à la hausse… Ce sombre décor a encore été assombri le 15 mai par la tentative d’assassinat contre le Premier ministre de Slovaquie, Robert Fico, alors que ce dernier était en déplacement dans la province slovaque dans le cadre de la campagne électorale pour les élections européennes.

«Alors, il faut prendre les choses comme elles sont! Car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités! Bien entendu, on peut sauter, sur sa chaise comme un cabri, en disant: «L’Europe! L’Europe! L’Europe!», mais ça n’aboutit à rien! Et ça ne signifie rien. Je répète, il faut prendre les choses comme elles sont. Comment sont-elles? Vous avez un pays français. Ça ne peut pas se discuter, il y en a un. Vous avez un pays allemand. Ça ne peut pas se discuter, il y en a un! Vous avez un pays italien, vous avez un pays belge, vous avez un pays hollandais, vous avez un pays luxembourgeois, et puis vous avez, un peu plus loin, un pays anglais, et vous avez un pays espagnol, et cetera! Ce sont des pays. Ils ont leur histoire, ils ont leur langue, ils ont leur manière de vivre, et, ils sont, des Français, des Allemands, des Italiens, des Anglais, des Hollandais, des Belges, des Espagnols, des Luxembourgeois. Ce sont ces pays-là qu’il faut mettre ensemble! Et ce sont ces pays-là qu’il faut habituer, progressivement, à vivre ensemble, et à agir ensemble.»

Charles de Gaulle – 14 décembre 1965

Passée de six à vingt-sept États membres, l’Europe de 2024 veut encore s’élargir vers l’Est. Mais sera-t-elle encore crédible, en tant que marché unique, à l’issue de ces élections européennes?

De l’Europe des six à l’Europe des suites?

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