Au lendemain du deuxième tour des élections législatives françaises du 19 juin 2022, l’Assemblée nationale s’est réveillée avec un nouveau visage. Au centre la majorité présidentielle n’est plus absolue mais relative avec 245 sièges, à gauche la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale est le premier bloc d’opposition avec 131 sièges, à droite le Rassemblement National est le premier parti d’opposition avec 89 sièges. Pris en tenaille entre populistes de gauche et populistes de droite, le groupe parlementaire Ensemble – la coalition soutenant le président Emmanuel Macron – va être obligé de composer avec des oppositions aux antipodes quant aux idées, mais au diapason quant à l’objectif: compliquer la tâche au gouvernement déjà instable de la première ministre Élisabeth Borne. L’image actuelle du paysage politique français confirme celle du premier tour de l’élection présidentielle: une France plus divisée que jamais, entre macronistes à 27,85%, lepénistes à 23,15%, mélenchonistes à 21,95%. Le 10 avril, cela n’empêchait pas les partisans de Macron d’entonner «Et un, et deux, et cinq ans d’plus» sur l’air du «Et un, et deux, et trois zéro», refrain des supporters de l’équipe de France de football championne du monde en 1998. Mais hors ballon rond, de 2017 à 2022 la France a perdu beaucoup d’influence dans le monde. Et plus particulièrement en Afrique. Or une des priorités internationales de Macron lors de son premier mandat était le G5 Sahel, réunissant depuis 2014, alors sous l’égide de François Hollande, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Tchad, le Mali et le Niger. Hollande ayant volé au secours du Mali dès 2013, le Groupe des 5 a été diminué par le départ du… Mali le 15 mai 2022. Il faudrait donc dire dorénavant G4, voire G3: depuis le coup d’État du 24 janvier 2022 au Burkina Faso, Ouagadougou négocie son maintien dans le Groupe. Restent la Mauritanie, le Tchad, et surtout le Niger où se sont redéployés les soldats français présents au Sahel. Devant un tel échec, n’importe quel prédécesseur de Macron aurait probablement perdu sa place. Quelques diamants centrafricains changèrent en leur temps le destin politique de Valéry Giscard d’Estaing. Mais Macron s’étant engagé le 10 février à gonfler la part du nucléaire dans l’énergie française, il aurait été plus compliqué pour l’establishment hexagonal de lui trouver un remplaçant maintenant, malgré les ensablements sahéliens.
«C’est ça, euh, c’est pas du tout, euh, mon affaire et c’est pas c’que j’ai fait. Mais, je reconnais que, les relations qu’je me suis créées, avec des, des commerçants européens, avec des… des industriels, en Afrique, avec des Africains de toutes catégories, et, par la suite, des-des, des chefs d’État africains, constituent un réseau, euh… eh, mais, je n’appelle pas ça un réseau.»
Jacques Foccart – 10 février 1995
Géant énergétique africain, le Niger dispose de pétrole, de charbon et surtout d’uranium, dont les mines sont une source d’approvisionnement importante pour le parc nucléaire français.
La république en marchandage
[…]
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