Huit pays, des piles ou faces puissances 9 et -9, deux étoiles à l’hôtel des monnaies: qui gagne et qui perd à l’EuroMilliards? 20 Jahre Euro: Verlierer und Gewinner (20 ans d’euro: perdants et gagnants), étude de l’institut allemand Centrum für Europäische Politik publiée en février 2019, revêt une importance capitale à l’orée des élections européennes. Pour les vingt ans de l’euro, l’étude présente – en fait sur dix-huit ans, de 1999 à 2017 – l’impact par habitant et l’impact général de la monnaie unique dans huit pays de la zone euro. Les résultats peuvent prêter à discussion. Les grands gagnants de l’euro seraient l’Allemagne et les Pays-Bas, ce qui est en phase avec les deux principaux spitzenkandidaten de 2019, le conservateur allemand Manfred Weber et le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans. Mais que dire de la Grèce dans le tiercé gagnant? Les chercheurs s’en expliquent par leur méthodologie, la méthode de contrôle synthétique, qui quantifie l’impact d’une mesure politique sur une valeur donnée. Sur la période étudiée, les Grecs auraient d’abord gagné par leur appartenance au club euro avant de perdre, mais dans la moyenne, les chercheurs y dégagent un gain. Voyons ces chiffres dans le détail:
Pays / Impact par habitant / Impact général
- Allemagne / +23.116€ / +1.893 milliards d’€
- Pays-Bas / +21.003€ / +346 milliards d’€
- Grèce / +190€ / +2 milliards d’€
- Espagne / -5.031€ / -224 milliards d’€
- Belgique / -6.370€ / -69 milliards d’€
- Portugal / -40.604€ / -424 milliards d’€
- France / -55.996€ / -3.591 milliards d’€
- Italie / -73.605€ / -4.325 milliards d’€
Les chiffres les plus importants, en milliers de milliards, concernent le premier et les deux derniers du classement. Aux gros gains de la première économie de la zone euro, l’Allemagne, répondent les grosses pertes de la France et de l’Italie, deuxième et troisième économies de la zone. La lecture de ce classement peut être double: il y a celle, culpabilisante, selon laquelle les mauvais élèves de l’euro, ne pouvant pas dévaluer pour retrouver de la compétitivité, doivent absolument poursuivre les réformes engagées; et celle, déculpabilisée, de nombreux administrés qui en ont ras le reichsmark de l’austérité francfortoise. Comment cela peut-il évoluer ? L’Allemagne continuera-t-elle de gagner avec l’euro? Dans le cas contraire, Berlin serait-il forcé de payer une part des pertes de Paris, de Rome et d’autres?
«Anbieter und Nachfrager suchen stets – wo immer es möglich ist – Konkurrenz zu vermeiden und monopolistische Stellungen zu erwerben oder zu behaupten.»
Walter Eucken, Grundsätze der Wirtschaftspolitik
«Fournisseurs et acheteurs cherchent toujours – dans la mesure du possible – à éviter la concurrence et à acquérir ou à maintenir des positions monopolistiques.»
Walter Eucken, Grundsätze der Wirtschaftspolitik
Quel que soit la nationalité de son conducteur, c’est surtout sur l’Eurobahn que l’euro tient la route. Deutsche ingenieurskunst, Deutsche qualität, Deutsche zuvelässigkeit… Deutsche gewinn?
L’euro, une devise monopolistique?
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