Nonobstant l’abstention qui devrait rester le premier «parti» d’Europe, les élections européennes du 23 au 26 mai 2019 seront les plus disputées que le European Parliament aura connues depuis 1979. Vision à la veille du scrutin, par un tour d’horizon des nations incontournables.
- En Allemagne, la CDU-CSU fait figure de dernier bastion du groupe European People’s Party qui, après avoir suspendu les Hongrois du Fidesz, a été lâché par les Français de La République En Marche, lui préférant le groupe Alliance of Liberals and Democrats for Europe.
- En France, 34 listes s’affrontent dans ce qui est présenté comme une redite du 7 mai 2017, mais qui, vu le nombre record de listes, est plutôt une répétition du 21 avril 2002, ce qui devrait profiter au Rassemblement National. L’exécutif joue de cette situation en vue de la présidentielle de 2022, où il se présentera comme seul rempart face au populisme de droite.
- En Italie, la coalition populiste se partage les rôles: le groupe Europe of Freedom and Direct Democracy pour le Movimento 5 Stelle, et une recomposition du groupe Europe of Nations and Freedom pour la Lega.
- Au Royaume-Uni, le Brexit a conduit à une participation symbolique à l’élection, pourvoyant momentanément les 73 sièges britanniques sur les 751 de l’EP. Côté Brexiteer, le Brexit Party de Nigel Farage concurrence le UKIP de Gerard Batten.
- En Autriche, le scandale Ibiza gate a eu pour conséquence la démission du Freiheitlichen Partei Österreichs du gouvernement de coalition, rebattant les cartes au niveau national et gênant aux entournures le groupe ENF au niveau européen.
Les projections des résultats voient le European People’s Party et les Socialists & Democrats ensemble autour de 45%, au lieu des 55% de 2014. Avec les voix de l’ALDE et des Greens, les europhiles resteraient majoritaires, a priori à plus de 60%, mais sous les 70% de 2014. C’est dans le partage des places dans ce grand centre que la lutte risque d’être la plus acharnée. Les deux principales têtes de liste pour la présidence de la Commission sont l’EPP allemand Manfred Weber et le S&D néerlandais Frans Timmermans. Mais une coalition de leurs deux groupes pourrait ne pas suffire à diriger l’EP. On se dirige donc vers une Sehr Große Koalition européenne, chaque grand groupe voulant sa part du gâteau. La précédente mandature de l’EP avait été partagée entre le S&D Martin Schulz et l’EPP Antonio Tajani. Le partage de 2019 pourrait être étendu au-delà. Un partage du fauteuil présidentiel au Berlaymont est inconcevable, et si l’EPP reste le premier groupe, Weber réclamerait la présidence. Mais si le différentiel entre EPP et S&D devait être ténu, Timmermans tenterait sa chance.
«Les frontières sont ouvertes
Que déclarer?
Si ce soir c’est la fête
Les vedettes sont inquiètes
Elles se maquillent
Fument une cigarette
Avant d’aller sur la sellette»Telex, Euro-Vision
En eurovision télévisuelle, un débat électoral a opposé cinq candidats anglophones et un candidat francophone. Est-ce tout ce qu’il reste de la francophonie en Europe?
Et quid des autres langues européennes?
[…]
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