La nomination de François Bayrou au poste de premier ministre le 13 décembre 2024, suivie par la formation de son gouvernement le 23, apporteront-elles une sortie de crise à la France? Après le Waterloo du gouvernement de Michel Barnier, à peine cent jours à Matignon, beaucoup se demandent si Bayrou pourra faire mieux que son prédécesseur. Barnier avait dû démissionner le 5 décembre, suite à la motion de censure déposée le 4 à l’assemblée nationale par le Nouveau Front Populaire et votée conjointement par les députés du NFP et du Rassemblement National. Avec un gouvernement minoritaire, Barnier devait utiliser l’article 49.3 de la constitution afin de faire adopter, sans vote parlementaire, la loi de financement budgétaire de la sécurité sociale pour 2025. Son gouvernement ne pouvant pas compter sur le soutien des deux extrêmes, il a été désavoué. Le nouveau gouvernement se veut à la fois plus centriste et plus rassembleur que le précédent, notamment à travers ses membres socialistes et républicains présentés comme Macron-compatibles. Mais c’est toujours un gouvernement minoritaire. De nombreux commentateurs estiment donc que le gouvernement de Bayrou devrait tomber à l’occasion des débats sur le budget, comme ce fut le cas pour le gouvernement de Barnier. Certes Bayrou rappelle que selon la constitution, si l’article 49.3 devait risquer d’être censuré, l’exécutif pourrait alors gouverner par ordonnance. Cependant la crise n’est pas seulement politique, elle est aussi économique. Le 13 décembre, le jour même de la nomination de Bayrou, l’agence de notation Moody’s dégradait la note souveraine de la France d’un cran à Aa3. Le gouvernement Barnier comptait sur un déficit public de 5% en 2025, avant un retour sous la limite des 3% des critères de Maastricht en 2029. Après le vote de la censure, l’agence Moody’s n’y croyait plus. Elle prévoyait un déficit de 6% en 2025 et de 5% en 2027, et une dette de 113% en 2025 et de 120% en 2027. Bayrou a beau vouloir à son tour réduire le déficit et la dette, Moody’s estime peu probable leur réduction durable par le nouveau gouvernement.
«Un aquoiboniste
Un peu trop idéaliste
Qui répète sur tous les tons
À quoi bon?»Jane Birkin, L’Aquoiboniste
À quoi bon un fragile gouvernement de François Bayrou si la France, qui est déjà très endettée, voit ses conditions d’emprunt sur les marchés financiers devenir encore plus difficiles qu’auparavant?
Un gouvernement renouvelé venu en France, un nouveau gouvernement à venir en Allemagne
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