Trente après la fin de la première, une deuxième guerre froide est-elle possible? Le 24 mai 2020, lors de la 3ème session de la 13ème Assemblée Nationale Populaire, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi accusait certaines forces politiques américaines de prendre en otage les relations entre la Chine et les États-Unis, voulant ainsi amener le monde au bord d’une nouvelle guerre froide. Le brinkmanship n’est pas une nouveauté. Ce qui est nouveau c’est la proactivité chinoise en la matière. Interrogé le 10 mai par Fareed Zakaria sur une possible guerre froide sino-américaine, Tony Blair remarquait qu’à la fin de la guerre froide qui les opposa à l’URSS, les États-Unis importaient pour 200 millions de dollars de biens soviétiques. En 2018, les importations américaines de biens chinois dépassaient 500 milliards de dollars. Cette interconnectivité exclurait donc une nouvelle guerre froide selon l’ancien premier ministre britannique, qui feint d’ignorer que la donne a aussi changé en termes de dépendance économique. Au sortir de la crise des subprimes, ce sont les 10% de croissance de l’économie chinoise en 2010 qui ont permis aux économies occidentales de tenir le coup. En 2020 le scénario se répète, avec des chiffres qui sont moins reluisants pour la Chine, et qui sont surtout sombres pour l’Occident. Avec son levier économique, avec le poids qu’il peut exercer sur les dettes occidentales, Pékin détient deux armes plus efficaces que celles de Moscou jadis.
«The ability to get to the verge without getting into the war is the necessary art. If you cannot master it, you inevitably get into war. If you try to run away from it, if you are scared to go to the brink, you are lost. We’ve had to look it square in the face – on the question of enlarging the Korean war, on the question of getting into the Indochina war, on the question of Formosa. We walked to the brink and we looked it in the face.»
John Foster Dulles, Life – 16 January 1956
«La capacité d’aller à la limite sans aller dans la guerre est l’art nécessaire. Si vous ne pouvez pas le maîtriser, si vous avez peur d’aller au bord, vous êtes perdu. Nous avons dû le regarder en pleine face – sur la question d’élargir la guerre de Corée, sur la question d’aller dans la guerre d’Indochine, sur la question de Formose. Nous avons marché au bord et nous l’avons regardé en face.»
John Foster Dulles, Life – 16 janvier 1956
À l’issue de la 3ème de la 13ème, le premier ministre Li Keqiang n’a pas annoncé d’objectif de croissance pour l’économie chinoise en 2020. Une croissance qui devrait néanmoins rester à un chiffre.
Les récessions occidentales pourraient-elles en compter deux?
[…]
Pour lire la suite veuillez faire un don.
© eurobole.com