Le choc pétrolier, en octobre 1973, se répète-t-il en octobre 2021 avec le gaz? L’inflation en zone euro (3% en août, 3,4% en septembre) est tirée vers le haut par l’inflation dans le secteur de l’énergie (15,4% en août, 17,4% en septembre). Imputée à la fois à la hausse de la demande suite aux déconfinements du Covid-19 et aux pénuries de composants industriels, la flambée des prix de l’énergie concerne toutes les ressources énergétiques: pétrole, électricité, charbon et gaz. En Europe, la hausse du prix du gaz a aussi une cause géopolitique: la finalisation difficile du gazoduc Nord Stream 2. Doublant la capacité du premier Nord Stream, Nord Stream 2 devrait alimenter l’Union Européenne à hauteur de 55 milliards de m3 de gaz par an. Le 10 septembre le gazoduc était achevé, après des années de retard coïncidant avec des années de tensions russo-occidentales. Ayant reçu le feu vert de l’administration Biden en juillet, Nord Stream 2 est soumis à une argutie juridique en Europe. Sur un total de 1224 kilomètres, le gazoduc traverse l’Allemagne sur ses 54 derniers kilomètres, où il est soumis aux règles de l’UE. L’argument avancé est que cet ultime tronçon ne peut pas être alimenté uniquement sur 54 kilomètres, mais qu’il doit l’être depuis sa source en Russie. Pour contourner le problème, la société Nord Stream a introduit une demande de certification comme gestionnaire de réseau de transport indépendant. Face à l’urgence de la demande et à l’approche de l’hiver, l’Agence fédérale des réseaux allemande pourrait accorder une autorisation temporaire à Nord Stream. Or cet énième épisode de la saga Nord Stream compromet tout contrat européen à long terme et à taux fixe pour l’achat de gaz russe. Et cette incertitude fait trembler les bourses. Le 6 octobre, le prix du gaz naturel s’envolait de 25% sur les marchés européens, à un niveau record. Au plus fort de leur cotation, les contrats Title Transfer Facility (la référence pour le marché du gaz européen) sur un mois atteignaient 162,125€, un niveau huit fois supérieur à celui d’avril. Le même jour, Vladimir Poutine affirmait que la Russie était prête à contribuer à la stabilisation des marchés mondiaux de l’énergie. Les TTF retombaient à 108,330€ en fin de séance. Mais le président russe critiquait aussi les Européens pour leur politique d’évitement des contrats à long terme, qui expliquerait l’envolée du prix du gaz à 2000$ pour 1000 m3, dix fois plus que le prix moyen de 2020.
«Les jeunes gens me disent: Tout chemine;
À petit bruit chacun lime ses fers;
La presse éclaire, et le gaz illumine,
Et la vapeur vole aplanir les mers.
Vingt ans au plus, bon homme, attends encore;
L’œuf éclôra sous un rayon des cieux.
Trente ans, amis, j’ai cru le voir éclore.
Finissons-en: le monde est assez vieux,
Le monde est assez vieux.»Pierre-Jean de Béranger, La comète de 1832
Les achats par l’UE de gaz au comptant s’expliquent par la diversification des sources d’approvisionnement. Que faire quand, en pleine crise mondiale, la concurrence ne joue pas tout son rôle?
Moscou accusé par l’UE de retarder…
le retard de l’UE
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