Mardi 19 juin 2018, sommet germano-français couleur baroque dans le château de Meseberg. En cette avant-veille de l’été et de la fête de la musique l’Europe se languit au loin, mais dans le Brandebourg le soleil brille, et le couple Angela Merkel et Emmanuel Macron frappe un grand coup en proposant la création d’un budget de la zone euro.
-C’est qui ça mon gars là, tu fais quoi? Il y en a déjà un de budget européen là!
Certes. Le budget est une des principales politiques européennes, celui de la Commission dépend des États membres, celui des États membres dépend de la Commission, et c’est quelque peu parce qu’ils étaient majoritairement en désaccord avec ledit budget que les Britanniques ont voté pour le Brexit.
-Djé koulou bètai djibé lékou oh oh! C’est-y que de l’enfumage ce budget de la zone euro?
Tout est dans la nuance nuancée. Ce que le duumvirat Merkel–Macron voudrait soumettre aux 19 États de la zone euro c’est un budget commun de cette zone, pas un budget commun de toute l’Union Européenne.
-Kou oh djôlô oh yé! Et l’Eurogroupe là-dedans?
En effet il y a aussi l’Eurogroupe, mais quoique son pouvoir d’influence soit important, cette réunion mensuelle des ministres des Finances de la zone euro n’est ni un organe, ni une agence, encore moins une institution. C’est seulement une structure informelle, d’où peut-être l’idée d’un passage en force de ce nouveau budget.
-Ah ba sou la, ah ba sou la, on y va!
Oui ça a l’air de vouloir y aller. Ce qui se profile c’est une intégration poussée des budgets encore souverains de la zone euro. Le projet est dans les cartons, tous les États ne sont pas d’accord, mais les exécutifs actuels à Berlin et à Paris veulent mettre le turbo dans le partage des bijoux de famille: nivellement de leur excédent et de leur déficit respectifs, coopération dans les industries et technologies, et à terme mutualisation des dettes. Si, sous couvert de fédéralisme à deux, et plus si affinités, cette coopération interétatique devait se concrétiser, c’est le pouvoir de la Commission qui se mettrait alors à migrer. Dans un magique système de Law, quand il y a fuitage capital d’un pognon de dingue, ça ne peut que bouger.
-Cessa kié la vérité.
“If the Commission do not give out Money when it is demanded, where good Security is offer’d; ’tis a hardship on the Person who is refus’d, and a Loss to the Country: For few if any borrow Money to keep by them; and if employ’d it brings a Profit to the Nation, tho the Employer loses.”
John Law, Money and Trade Considered: With a Proposal for Supplying the Nation with Money
«Si la Commission ne donne pas d’argent quand cela est exigé, alors qu’une bonne sécurité est offerte; c’est une privation pour la Personne à qui on le refuse, et une Perte pour le Pays: Car peu de gens voire personne n’emprunte de l’Argent pour le garder auprès de soi; et s’il est utilisé il apporte un Profit à la Nation, même si Celui qui l’utilise devait y perdre.»
John Law, Money and Trade Considered: With a Proposal for Supplying the Nation with Money
On a tout fait, on a parlé oh yé. On a tout fait, on a écrit oh yé. Mais vraiment rien n’a changé oh yé. En tous cas rien n’a changé oh yé. On va budget budget. Ah budget, ah budget, ah budget.
Qui va budgétiser budgétiser?
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