ECTEURS illustres, car à vous, non à aultres, sont dédiéz mes escriptz, salut. J’ai voyagié sur barque par Loire jusques en Touraine. De Touraine j’ai galopé sur cheval, et sur mule par foires jusques en Septentrion. Arrivé ès lieu qu’on nomme Roman Païs, l’on m’y dict moultes merveilles d’une proche cité appellée Bruxelles. Le nom déicelle veult dire en flamenc «Castel des Marais», car il y pleut beaucoup et que terre y est humide. On y trouve gens de XXVIII nations, lesquelz sont descenduz de sang et ligne de grandz roys et empereurs, comme de quelques porteurs de rogatons et de coustrez, attendu l’admirable transport des voitures et chariots

des Alemans et Belges,
des Françoys et Hollandoys,
des Italiens et Lucembourgeoys,
des Daunoys et Irlandoys,
des Angloys et Grecz,
des Hespanols et Portugoys,
des Osterichienz et Finlandoys,
des Suédoys et Chypriotes,
des Esthoniens et Hongroys,
des Lethons et Lithuaniens,
des Maltoys et Polonoys,
des Slovacques et Slovènes,
des Tchècques et Bulgares,
des Roumains et des Croathes,

et tous autres peuples en ce monde, ayant tous sustantificque mouelle,
qui, de chrestienté et par delà, sont venus jusques ès cité de Bruxelles,
car en icelle trouverez haultzs sacremens et mystères magnificques,
tant en ce qui concerne l’estat politique que la vie œconomique,
or esbaudissez-vous, et joyeusement lisez le reste,
qui, autant qu’il sera possible, viendra preste.

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