Avec une chambre majoritairement démocrate mais un sénat majoritairement républicain, la procédure d’impeachment au congrès à l’encontre de Donald Trump était perdue d’avance dès son initiation en septembre 2019. Sans surprise, le président américain a été acquitté en février 2020 malgré les éléments de l’affaire ukrainienne, à l’origine des deux chefs d’accusation de cette procédure: abus de pouvoir et obstruction contre le congrès. Un acquittement qui a eu lieu en trois temps.
- 3 février, caucus démocrate dans l’Iowa:
Le caucus pour l’investiture démocrate à l’élection présidentielle a placé l’outsider Pete Buttigieg premier (quatorze délégués), suivi par Bernie Sanders (douze délégués), Elizabeth Warren (huit délégués), Joe Biden (six délégués), Amy Klobuchar (un délégué). Il a fallu deux jours pour recompter ces résultats au prix d’une polémique. Le cafouillage a été attribué à l’application utilisée pour le décompte des résultats, et qui serait à la source d’un énorme bug. ACRONYM, la société chargée du décompte par le Comité National Démocratique, a fait appel pour le codage de cette application à Shadow, une société sous-traitante financée en partie par le camp de Buttigieg. Le camp de Sanders ayant de son côté sa propre application, ses propres résultats ont placé, quel scoop, Bernie en tête. - 4 février, discours sur l’état de l’union:
Le discours annuel du président devant le congrès, qui aurait dû être une démonstration de bonne entente bipartisane, a montré au monde une Amérique coupée en deux camps: les élus républicains ont soutenu leur président par des applaudissements à tout rompre; les élus démocrates ont marqué leur opposition au président par une écoute insensible pour les uns, par un dress code blanc en signe de pureté pour les autres. En plus de son bilan économique, discutable et discuté, le discours a exposé un double climax, la poignée de main refusée par Trump à la présidente démocrate de la chambre des représentants Nancy Pelosi au début, et le discours de Trump déchiré par Pelosi à la fin. - 5 février, acquittement de Trump:
Après que 51 des 53 sénateurs républicains ont voté au préalable contre la venue de témoins à la barre, la procédure a été expédiée au sénat par le vote sur l’abus de pouvoir (52 républicains votant non coupable contre 45 démocrates, 2 indépendants et 1 républicain votant coupable) et par le vote sur l’obstruction (53 républicains votant non coupable contre 45 démocrates et 2 indépendants votant coupable). N’ayant pas la majorité absolue des deux tiers requise pour l’impeachment, n’ayant pas même de majorité, les démocrates ont perdu leur bras de fer avec les républicains.
En 2018 Steve Bannon, ancien conseiller de la Maison-Blanche, avait prédit une procédure d’impeachment contre Trump, sorte de référendum par procuration, si les démocrates emportaient les élections de mi-mandat. Cette procédure est-elle de bon augure pour la réélection de Trump? En temps normal une procédure d’impeachment aurait entaché son image aux yeux des républicains modérés. Mais on n’est pas en temps normal.
«Dieu a fait l’homme et le péché l’a contrefait.»
Paul Claudel, Positions et propositions
Après cette victoire juridique, Donald Trump pense avoir les coudées franches pour faire ce qu’il veut. Même si ça pouvait être possible sur le plan intérieur, sur le plan extérieur ce serait une autre histoire.
Péché pardonné, à moitié avoué?
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