Réélue le 24 septembre 2017 avec 33% des voix, Angela Merkel entre dans l’histoire en assumant un quatrième mandat, dépassant ainsi ses prédécesseurs. Depuis 2005, la chancelière a toujours su garder une majorité à son avantage par ses compromis à l’allemande, le centre faisant mouvement tantôt vers la gauche, tantôt vers la droite, comme devrait le montrer la coalition issue de ces législatives. Le binôme chrétien-démocrate CDU/CSU chapeauté par Merkel s’est en effet allié une première fois aux sociaux-démocrates du SPD en 2005, aux libéraux-démocrates du FDP en 2009, au SPD à nouveau en 2013, et pourrait s’allier au FDP à nouveau en 2017. Dans cette valse à trois, l’ex-président du Parlement Européen Martin Schulz, candidat social-démocrate à 20%, aura été un faire-valoir pour une chancelière dont il partage l’essentiel des vues. Lors du débat entre les deux candidats, ce n’est que sur l’accueil d’1,2 million de réfugiés et de migrants en Allemagne (et au-delà, Schengen oblige) que Schulz a accusé Merkel d’inefficacité. Accusation sans alternative puisque Schulz soutenait cet accueil quand il présidait le PE. À l’inverse, dans le débat des sept petits candidats, c’est en quittant la discussion qu’Alice Weidel, tête de liste de l’AfD, a attiré l’attention. En accédant au parlement avec 12%, le parti d’extrême droite ternit le succès d’une Merkel aux acquis en demi-teinte: si les chiffres d’Eurostat pour l’Allemagne sont bons (chômage 4,1%, croissance 1,9%, dette publique brute 65,8% du PIB, inflation 0,4%, solde budgétaire public 0,8% du PIB, solde du compte courant 8,5% du PIB), dans le même temps l’augmentation du nombre des pauvres (16% de la population) et des travailleurs pauvres (9%) aurait pu causer la défaite de la CDU/CSU. Or, contrairement à son mentor Helmut Kohl qui manqua un quatrième mandat pour avoir perdu le vote jeune, Merkel a su capter cet électorat via des mesures jeunistes, tout en conservant une part suffisante de l’électorat de droite via son pragmatisme libéral.
«Muß es sein? Es muß sein!»
Ludwig van Beethoven, Streichquartett Nr. 16, Vierter Satz: Der schwer gefaßte Entschluß
«Cela doit-il être? Cela doit être!»
Ludwig van Beethoven, Quatuor à cordes n° 16, Quatrième mouvement: La décision difficile prise
L’opportunisme d’Angela Merkel lui a assuré une quatrième victoire, mais les vraies difficultés devraient venir au bout de seize ans de pouvoir, avec un appauvrissement croissant de la classe moyenne.
Berlin Kohling
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