Enough is enough: après une longue série de scandales, de mensonges et de louvoiements, le Premier Ministre britannique Boris Johnson a annoncé sa démission le 7 juillet au peuple de sa gracieuse majesté. «Annoncé» est le mot: Johnson ne part pas d’emblée cet été, il assure l’intérim jusqu’à ce qu’un successeur lui soit désigné lors d’un congrès extraordinaire du parti conservateur. Le PM populiste devrait donc rester aux affaires jusqu’à l’automne, sans date plus précise que pour les calendes du Grexit. Le scandale ayant fait tomber Johnson implique Christopher Pincher, coordinateur des députés de la majorité à la chambre des communes, dans une vulgaire affaire de toxicité masculine: le 29 juin dans un club londonien, Pincher s’est livré à des attouchements sexuels sur deux hommes. Alors que Pincher n’en était pas à son coup d’essai, le PM a d’abord feint ne pas être au courant des accusations à son encontre, avant d’admettre le 4 juillet qu’il savait que Pincher avait déjà fait l’objet d’une plainte. Cette énième volte-face de Johnson a donné lieu à une avalanche de démissions de ministres et de députés conservateurs, beaucoup appelant à sa démission immédiate. L’affaire Pincher s’ajoute en effet à d’autres scandales, le plus flagrant étant le Partygate: entre mai 2020 et avril 2021, en plein confinement dû au Covid-19, Johnson et certains de ses collaborateurs avaient organisé des fêtes clandestines au 10 Downing Street, résidence du PM. Pendant que les Britanniques devaient se cloîtrer chez eux, le Brexiter en chef faisait de petites fêtes entre amis, une révélation qui a sérieusement écorné l’image du parti conservateur. Enfin, cerise sur le gâteau de ce mandat échevelé, le public apprenait le 6 juillet que Johnson, alors Ministre des Affaires Étrangères, avait rencontré en avril 2018 en Italie l’oligarque russe Alexandre Lebedev, dans le but d’organiser un appel téléphonique privé avec le MAÉ russe Sergueï Lavrov. Encore une fois, le cachotier Johnson a longtemps nié le fait, avant de l’admettre. Il faut dire que depuis de l’eau a coulé sous les ponts de la Tamise: en 2022 Johnson se veut un des partisans les plus motivés de l’Ukraine dans le conflit qui l’oppose à la Russie. En attendant Londres prend des airs de Donbass politique, les prétendants au trône de PM fourbissant leurs armes lobbyistes dans les very swinging tranchées conservatrices.
“-“Lord Raglan wishes the cavalry to advance rapidly to the front.”
-Uh-huh.
-“To follow the enemy, and try to prevent the enemy from carrying away the guns! The troop horse artillery may accompany. French cavalry is on your left. Immediate! Signed R. Airey.”
-See that this is delivered… Delivered, and executed.”Mark Dignam and John Gielgud, The Charge of the Light Brigade
«-«Lord Raglan souhaite que la cavalerie avance rapidement vers le front.»
-Aha.
-«Qu’elle suive l’ennemi, et qu’elle essaie d’empêcher l’ennemi d’emporter les fusils! La troupe d’artillerie montée peut accompagner. La cavalerie française est à votre gauche. Immédiat! Signé R. Airey.»
-Veillez à ce que ceci soit acheminé… Acheminé, et exécuté.»Mark Dignam et John Gielgud, La Charge de la brigade légère
Les prochaines élections générales britanniques n’étant prévues qu’en janvier 2025, plusieurs candidats conservateurs au poste de PM se sont déjà fait connaître: Rishi Sunak, Ben Wallace, Liz Truss…
Et la liste est encore aussi longue qu’un
ticket de caisse en temps d’inflation
[…]
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