Les élections législatives anticipées du 23 février 2025 en Allemagne confirment la césure politique persistante entre les deux anciennes parties du pays. La CDU/CSU arrive première dans la plupart des Länder de l’ouest. L’AfD arrive première dans tous les Länder de l’est, mis à part Berlin ex-Ouest. Pour ce qui est des principaux scores, avec 28%, les conservateurs de la CDU/CSU reprennent la première place du paysage politique; avec 20%, l’extrême droite de l’AfD arrive deuxième du scrutin, mais elle reste dans l’opposition; avec 16%, les sociaux-démocrates du SPD sont troisièmes, mais ils sont les faiseurs de roi dans la perspective d’une coalition CDU/CSU-SPD, totalisant 328 sièges sur les 630 fauteuils du parlement fédéral. Les discussions exploratoires entre les deux partis doivent aboutir à la formation d’un gouvernement pour Pâques. Ce qui va dans la suite de la France voisine, où François Bayrou, devenu premier ministre en décembre, voulait un gouvernement pour Noël. Le futur chancelier conservateur Friedrich Merz veut aller vite lui aussi, le monde extérieur n’attendant pas l’Allemagne. En attendant la semaine sainte, Merz a déjà reçu des félicitations de poids: celles d’un gentleman nommé Donald J. Trump (dixit l’intéressé). Ce n’est pas anodin. Redevenu président en 2025, Trump a repris sa politique tarifaire protectionniste démarrée en 2017. En l’amplifiant. Si toute l’Union Européenne est concernée par la hausse des tarifs des importations américaines, des négociations pourraient se faire au cas par cas. Le président américain a certes annoncé le 10 février un tarif de 25% sur toutes ses importations d’acier et d’aluminium, prenant effet le 12 mars. Mais il laisse aussi entendre qu’il pourrait se montrer flexible, en fonction de l’équilibre de la balance commerciale entre les États-Unis et leurs différents partenaires. L’Allemagne étant le premier partenaire commercial européen de l’Amérique, certains à Berlin pourraient être tentés par la conclusion d’accords bilatéraux avec Washington, au détriment de mesures contre-tarifaires promulguées à Bruxelles.

«„Ich bin kein Amerikaner.“
„Was denn, wenn Euch die Frage nicht belästigt?“
„Gar nicht. Ich habe keine Ursache, mein Vaterland, welches ich sehr liebe, zu verheimlichen. Ich bin ein Deutscher.“»

Karl May, Winnetou der Rote Gentleman – 1. Band

««Je ne suis pas Américain.»
«Quoi alors, si la question ne vous dérange pas?»
«Pas du tout. Je n’ai aucune raison de dissimuler ma patrie, que j’aime beaucoup. Je suis un Allemand.»»

Karl May, Winnetou der Rote Gentleman – Tome I

Face au retour du shérif républicain, les Européens sont en ordre dispersé: certains veulent augmenter les tarifs sur les importations américaines, d’autres craignent d’aggraver le taux d’inflation.

Tous ensemble tous ensemble, ou chacun pour soi dans le nouveau Far West?

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