Le 26 juillet 2023 le Niger était confronté à un coup d’État. Ce putsch a déjà des conséquences sur l’économie de la région. Le Niger compte parmi les quinze États membres de la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest, cette dernière étant mise à rude épreuve ces dernières années. Trois de ses membres ont déjà été suspendus à la suite de coups d’État: le Mali en mai 2021, la Guinée en septembre 2021, le Burkina Faso en janvier 2022. En 2023 le Niger est suspendu à son tour, la CEDEAO lui imposant d’emblée une série de sanctions commerciales: suspension des transactions avec Niamey, gel des avoirs des militaires impliqués dans le coup d’État, zone d’exclusion aérienne et fermeture des frontières. Pour autant, si le nouveau régime nigérien devait perdurer, cela aurait des conséquences commerciales pour l’Union Européenne. Le Niger est un fournisseur majeur d’uranium pour les centrales nucléaires que compte l’UE, notamment en France. En 2021, l’UE a importé 11975 tonnes d’uranium naturel, à partir de quatre principaux pays exportateurs:
- Niger: 2905 tonnes, 24,26% du total
- Kazakhstan: 2753 tonnes, 22,99% du total
- Russie: 2358 tonnes, 19,69% du total
- Australie: 1860 tonnes, 15,54% du total
La part du lion de ces importations concerne la France. En 2022 la France a importé 7131 tonnes d’uranium naturel, à partir de quatre principaux pays exportateurs:
- Kazakhstan: 2659 tonnes, 37,3% du total
- Niger: 1440 tonnes, 20,2% du total
- Namibie: 1126 tonnes, 15,8% du total
- Australie: 988 tonnes, 13,9% du total
La part du Niger dans l’uranium consommé en Europe est donc énorme. Jusqu’au coup d’État, cette part était appelée à croître encore. En février 2022 le président français Emmanuel Macron annonçait vouloir agrandir le parc nucléaire de son pays. Son projet compte six nouveaux réacteurs pour 2035 et huit autres pour 2050. La France a-t-elle vu trop grand? En cas de crise avec le Niger, l’UE et la France continueront-elles d’importer de l’uranium nigérien? Et si oui, à quel prix?
«Ansongo. – Petit poste dans l’île éloignée du fleuve de 1,500 mètres. Le voyage en bateau devient difficile, à cause des nombreux cailloux, et du manque d’eau dans le Niger. J’irai plus vite, par terre, quoique les rives soient garnies de Touaregs. Ces Touaregs ont toujours les plus terribles projets. Leurs projets se traduiront sans doute par quelque pillage de village, car contre nos postes ils ne peuvent rien. Ne trouvant plus d’eau autre part, ils sont forcés de venir au Niger. Je ne sais rien encore de la mission Voulet qui devrait être depuis longtemps en route pour le lac Tchad, et je ne sais pas davantage si je pourrai la rejoindre.»
Jean-François Klobb, Dernier carnet de route au Soudan français – La fin de la mission Klobb
Si la junte du Niger se maintient au pouvoir, elle pourrait faire jouer la concurrence auprès d’un nombre accru de demandeurs d’uranium. Ce qui ne diminuerait pas le prix de la facture énergétique de l’UE.
Uranium appauvri (si on peut dire)
[…]
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