Lors des élections europennes, la campagne de sensibilisation du jeune électorat a battu son plein. Elle a même donné lieu à un site dédié: #CetteFoisJeVote. Le résultat concret dans l’hémicycle était donc attendu par beaucoup de jeunes électeurs. Les 2 et 3 juillet 2019, après de nombreuses tractations, les leaders de l’Union Européenne à Bruxelles et les députés européens à Strasbourg se sont accordés sur les top jobs institutionnels, consécutifs aux élections européennes du 23 au 26 mai. Quant aux électeurs qui croyaient avoir voté pour un Spitzen Kandidat, ou tête de liste, ils ont en fait voté pour une suite d’accords post-électoraux. Voyons à quoi ressemble le paquet surprise de l’UE 2019 aux cinq postes clefs de la Commission, du Conseil, du Service Européen pour l’Action Extérieure, de la Banque Centrale Européenne (mandats commençant en novembre) et du Parlement Européen (mandat commençant le 3 juillet):
- À la Commission, la présidence aurait dû revenir au représentant du parti arrivé en premier aux élections européennes, donc au conservateur allemand Manfred Weber pour le Parti Populaire Européen. Si le parti gagnant est retenu, c’est par contre Ursula von der Leyen, ex-ministre de la Défense d’Angela Merkel.
Durée du mandat: cinq ans, renouvelable. - Au Conseil, c’est le Premier ministre belge, le libéral Charles Michel, qui succède à Donald Tusk comme président.
Durée du mandat: deux ans et demi renouvelable une fois, soit a priori cinq ans. - Au SEAE, c’est le ministre des Affaires étrangères espagnol, le socialiste Josep Borrell, qui devient le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Durée du mandat: cinq ans. - À la BCE, c’est la conservatrice française Christine Lagarde qui a été nommée, après huit années passées à la présidence du Fonds Monétaire International.
Durée du mandat: huit ans. - Au PE, c’est le social-démocrate italien David-Maria Sassoli, emportant la présidence, qui succède à Antonio Tajani.
Durée du demi mandat: deux ans et demi.
Cet accord bruxellois qui n’a pas été sans mal fut précédé par un autre, à Osaka, quand six leaders européens plus les présidents de la Commission et du Conseil, présents au G20 japonais des 28 et 29 juin, s’étaient mis d’accord entre eux pour la répartition des top jobs. Selon cet accord, c’était le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans, deuxième des Spitzen Kandidaten aux européennes, qui aurait dû diriger le Berlaymont, en échange de la présidence du PE pour le conservateur Weber. De quoi secouer les pays du groupe de Visegrad, opposés à Timmermans après que celui-ci les ait critiqués. Exit cet accord donc. Au final, l’accord bruxellois satisfait les trois grandes formations politiques européennes, et il prend en compte les préoccupations nationales de certains États membres. Il marque aussi l’ancrage atlantiste de l’UE par le parcours de la présidente de la Commission. Mettant le cap à l’Ouest, puisqu’aucun top job n’échoit à un représentant d’un pays d’Europe centrale et orientale, il laisse comprendre qu’aucun nouvel élargissement ne devrait avoir lieu au moins d’ici 2024.
«-Écoutez-moi! Vous pensez tous, que César est un con?
-OUAIAIAIS!
– Vous pensez, que le consul et son conseiller sont des cons?
-OUAIAIAIS!
-Que les émirs, la police et l’armée sont des cons?
-OUAIAIAIS!
-Et, vous pensez qu’ils vous prennent pour des cons!
-OUAIAIAIS!
-Eeeet, vous avez raison! Mais eux aussi, parce que depuis l’temps qu’ils vous prennent pour des cons, avouez qu’vous êtes vraiment des cons.
-OUAIAIAIAIAIAIS!»Coluche et des figurants, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ
Aux élections européennes de 2019, en plus de l’abstention qui reste le premier «parti» européen, les Spitzen Kandidaten auront surtout servi de trompe l’œil. Ont-ils eu raison?
And next ladies and gentlemen…
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