Quiconque observe les relations Europe-Afrique passe nécessairement par la Françafrique, filière régalienne française apparue après la décolonisation, et s’il est un pays représentatif de cette relation très spéciale, c’est bien le Gabon. Soutenu par des géants du pétrole, occidentaux en général et français en particulier, le pouvoir gabonais jusqu’ici héréditaire est contesté depuis l’élection présidentielle du 27 août 2016, qui a opposé le président sortant Ali Bongo (49%) à l’outsider Jean Ping (48%). Ce dernier, de père chinois et de mère gabonaise, et ancien familier du clan Bongo, revendique la victoire et demande un nouveau décompte des voix, tandis que Bongo l’invite à se plaindre auprès de la Cour constitutionnelle, qui évidemment soutient le candidat aux 49%. Dans cette ambiance délétère les observateurs de l’UE parlent d’anomalie évidente dans le scrutin, mais il faut aussi regarder au-delà, là où on peut jouer tantôt un candidat tantôt l’autre, dans cette élection ou dans une autre. Loin des dorures du G20 de Hangzhou, la Chine est devenue la puissance outsider sur le continent noir. L’Empire du Milieu est présent au Gabon depuis 1974, et il y est omniprésent depuis une décennie. Pas sûr que les Africains en général, et les Gabonais en particulier, gagnent beaucoup au change, mais les Occidentaux en général, et les Français en particulier, y perdent beaucoup.
«Moi je connais les Américains. Mais depuis que je suis à la tête du Gabon, les Américains n’ont pas fait une opération d’envergure, de grande envergure, au Gabon. Les Chinois le font.»
Omar Bongo – 16 février 2007
Électricité de Libreville, fer de Bélinga, bois de Kango, Pékin a investi dans tous ces secteurs gabonais, et pour qu’ils soient globalement sinisés, le seul qui manque encore est le pétrole de Port-Gentil.
De la Françafrique à la Chinafrique?
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